Compte rendu Vietnam 2006

Compte-rendu du colloque et du voyage au Vietnam de l'été 2006

Le groupe comptait 30 personnes, plus les intervenants. Principalement des psychothérapeutes ou apprentis (il y avait 2 conjoints non thérapeutes). Le voyage a été apprécié par tous. Le groupe était assez bien équilibré et tolérant, d'une moyenne d'âge élevée. Le groupe de voyage a connu comme tout groupe sortant de ses habitudes, des régressions infantiles d'une certaine importance.



Visite à l'Hopital Psychiatrique
de Ho chi Minh Ville

Séminaire à l'Institut de
Médecine Traditionnelle

Colloque à la Faculté de Médecine

Dans la Baie d'Halong

Chez une artiste de Hanoi



LE VOYAGE AU VIETNAM

Par Tan Loc NGUYEN, responsable du programme SOIGNER L'AME DANS LE CORPS.
Email : sourcepsy@numericable.fr

SOIGNER L'AME DANS LE CORPS, un thème justement adapté au Vietnam, une terre de toutes les meurtrissures, avec une capacité de résilience infinie.
La Fédération Française de Psychothérapie et Psychanalyse et le Centre SOURCE-Ecole Française de Psychosynthèse ont organisé, du 24 juillet au 7 août 2006, un ensemble d'évènements regroupés sur ce thème : un séminaire d'initiation à la médecine traditionnelle et un colloque franco-vietnamien de psychothérapie à Saigon parrainé par Mme Brigitte GIRARDIN, Ministre déléguée à la Coopération, au Développement et à la Francophonie, un séminaire de Psychosynthèse à l'Université de Hanoï, organisé par le CERIF, le tout couronné par un voyage organisé pour les participants venant de France.
Comment le tout s'est-il déroul

1) LE VOYAGE

Le groupe comptait 30 personnes, plus les intervenants. Principalement des psychothérapeutes ou apprentis (il y avait 2 conjoints non thérapeutes).
Le voyage a été apprécié par tous. Le groupe était assez bien équilibré et tolérant, d'une moyenne d'âge élevée. Le groupe de voyage a connu comme tout groupe sortant de ses habitudes, des régressions infantiles d'une certaine importance.
Quelques craintes avant le départ à propos de la chaleur et de la mousson, facilement dissipées au contact de la réalité locale. Ainsi, des personnes plongeaient dans la piscine sous la pluie au deuxième soir. Dans la baie d'Halong, sur le bateau, des personnes sont sorties sur le pont dans la nuit pour voir le tonnerre et la foudre.
Des scènes pittoresques à retenir : un cours de cuisine sur un bateau, tout le monde en tablier, assis devant les ingrédients et la marmite ; spectacle de marionnettes sur l'eau dans un village au milieu de la population.
Des souvenirs qui marqueront l'âme : rêverie détendue sur le pont du bateau naviguant sur le Mékong pendant des heures de Mytho à Cantho ; contemplation silencieuse sur un autre bateau en Mer de Chine dans la Baie d'Halong, là où le regard se perd dans les étendues d'eau et de ciel.
Une mémoire vivace du palais, aussi, car le voyage a été, en même temps, une aventure culinaire. Comment réussir à manger tant de bonnes choses, surtout quand on est si bien servi avec tant de politesse ? Un bel exercice d'estime de soi que de se laisser bien nourrir sans rien devoir en retour !!
Le temps était au rendez-vous : une belle lumière pour la première journée en baie d'Halong, alors que la tornade sévissait dans tout le Vietnam.
Le groupe comportait trois personnes d'ascendance vietnamienne, dont c'était la première occasion de faire connaissance avec la terre de leurs pères.

2) LE SEMINAIRE DE MEDECINE TRADITIONNELLE

Le groupe a eu droit avec le séminaire d'initiation à la médecine traditionnelle à une prestation multimédia avec le Dr TRUONG THIN, un personnage haut en couleurs, thérapeute artiste, chanteur, musicien, soutenu par sa précieuse collaboratrice, le docteur AI LIEN. Une vision synthétique d'une thérapie artiste plus large qu'une simple pratique d'art-thérapie. Nous avons pu rencontrer aussi M.TRAN VAN KHE, compositeur, musicien de 80 ans, une encyclopédie vivante de la musique. Un homme qui est toute musique.

3) LE COLLOQUE A SAIGON

Après une visite avec invitation à déjeuner (le repas était excellent) à l'Hôpital psychiatrique de Saigon dirigé par le docteur THANG et son équipe, nous abordons le colloque qui devait avoir lieu à l'IDECAF (Institut d'Echanges Culturels avec la France).
Beaucoup d'imprévus, car le Colloque qui devait se tenir à l'IDECAF (Institut d'Echanges Culturels avec la France) s'est finalement déroulé à la Faculté de Médecine. Nous avons été accueillis à la Faculté de Médecine par la collaboratrice du Doyen, la doctoresse NGUYEN THI LUU, et le docteur LE MING, chef du département de neurologie, représentant du Doyen. Environ 50 vietnamiens sur les deux jours, dont des chefs de service de médecine, ont pu participer. Tous ont manifesté leur satisfaction d'avoir participé à un tel évènement et ont souhaité la poursuite d'activités de psychothérapie au Vietnam.
Des médecins vietnamiens sont intervenus en tant que conférenciers : les docteurs BAN, vice-directeur de l'Hôpital Français de Hanoi, THANG, directeur de l'Hôpital psychiatrique de Saigon, et DINH DANG HOE, psychiatre de l'Hôpital BACH MAI, à Hanoi ; ainsi que M. TUNG, sociologue, vice-directeur du CERIF, à Hanoi. Du côté français, le Professeur BARTE Nhi, le docteur Michel MEIGNANT et moi-même avons apporté notre contribution. Les ateliers pratiques ont été conduits par le docteur Xavier FEINTRENIE, Anne FEINTRENIE, Anne FRAISSE, le calligraphe GIANG PHONG, Michel MEIGNANT et moi-même sur des thèmes comme : le rêve, le corps, l'EMDR, l'individuation, la psychosomatique, l'art-thérapie.

4) LE SEMINAIRE A HANOI

A Hanoi, pendant que le groupe visitait les pagodes, nous étions trois intervenants, le Pr BARTE Nhi, le Dr Xavier FEINTRENIE et moi-même, à initier à la psychothérapie, un groupe de 38 personnes, dont des psychologues, étudiants, travailleurs sociaux.
Le séminaire s'est tenu à l'Université de Hanoi, dont le doyen du département de sociologie, M. KHANH, est venu très cordialement, nous accueillir.
L'évènement était organisé, de manière rigoureuse, par M. TUNG, le vice-directeur du CERIF, organisme de formation continue de l'Université.
En prime, lors du séjour à Hanoi, le groupe de Français a eu droit à une causerie de M. HUU NGOC, un écrivain de 90 ans, un véritable monument de culture.
Il nous avait invités dans sa salle de conférences, au dernier étage de l'immeuble. C'était un soir de tempête. La pluie et le tonnerre frappaient la terrasse pendant que cet ancien compagnon de lutte de HO CHI MINH nous résumait, avec une magistrale concision, 3000 ans d'Histoire du Vietnam, de guerres, de combats et de paix ratées !!

5) LES CONCLUSIONS ET RESULTATS

On peut considérer que c'est, pour nous, une première prise de contact avec les milieux de la psychologie et de la psychiatrie, au Vietnam.
Il y avait un intérêt évident des participants vietnamiens. Comme toujours, les vietnamiens sont ouverts, curieux, désireux d'apprendre.
D'un autre côté, avec le recul, les discours ou interventions des intervenants français semblent inadaptés par rapport au niveau du public. Il y a un problème relatif à la traduction non seulement du langage mais aussi des concepts cliniques et philosophiques qui sous-tendent la psychothérapie.
Il est évident que les psychologues, psychiatres et autres professionnels de la relation d'aide ont un grand besoin des techniques que nous pouvons leur apporter. Il y a donc un public motivé. Il ne faut non plus surestimer les différences culturelles.
En effet, la psychothérapie humaniste distingue la personne et la personnalité.
La personne se réfère aux valeurs intrinsèques de l'être humain, et dans ce sens, la morale Kantienne ou la philosophie des Lumières ne sont pas si éloignées des valeurs confucéennes. La personnalité, par contre, désigne le moi tel qu'il est façonné à partir de l'éducation. Or, au Vietnam, le moi est identifié au moi social et familial. En dépit des apports de la culture française et du marxisme, le vieux fonds confucéen demeure.
Est-ce à dire que le je en tant que sujet n'existe pas ?
En fait, il est là, mais il n'est pas valorisé. Descartes disait : je pense, donc je suis ; c'est-à dire quand je me rends compte que je pense, donc que je peux penser par moi-même, alors je suis. Au Vietnam, on dirait : je suis père, mère, sœur, frère, donc je suis. C'est par l'ordre familial et social que je peux advenir à être.
Les sentiments, la vie intérieure de l'âme sont pourtant là, derrière les manières sociales. Le vietnamien en tient compte, car constamment il ménage la susceptibilité de l'autre, il veille à ne pas le froisser, il élabore une multitude de stratégies pour cela. L'autre est toujours là, la relation à l'autre prime sur la relation à soi-même.
Dans ce cadre, c'est une gageure pour la psychothérapie, pour qui le je est auto-référent, de transmettre son message. Mais elle peut aussi venir en complément du message confucéen et non en opposition à celui-ci.
Dans l'opéra vietnamien, l'héroïne d'une pièce classique simulait la folie pour pouvoir enfin être elle-même, vivre ses désirs. Ce récit a des similitudes avec une Madame de Bovary européenne qui s'enfonce dans la mélancolie de ne pouvoir vivre ses désirs.
Un je qui est affirmé à l'intérieur de soi, ne tombe pas dans la pathologie.
En fait, la réelle gageure est d'ordre pédagogique : comment s'ajuster au niveau et aux besoins d'un public vietnamien de professionnels qui aident les autres sans avoir fait de " travail de connaissance " d'eux-mêmes ?
Cela dit, nous n'arrivons pas en terre vierge, grâce au travail de pionnier du Docteur NGUYEN KHAC VIEN, pour qui la psychologie au Vietnam était un luxe, mais un luxe nécessaire. Son travail est poursuivi depuis sa mort par sa femme, le docteur NHUT, et sa sœur, le docteur HOI, et la Fondation NT. La France, à travers la filière universitaire, a aussi aidé à la mise en place d'études de psychologie, jusqu'au niveau master.

Un résultat à la suite du voyage : il y aura à l'Université de Hanoi, une formation à la psychothérapie en psychosynthèse sur 18 mois dans le cadre de la formation continue, validée par un certificat universitaire.
Une équipe de formateurs français de notre Fédération viendront enseigner bénévolement 6 modules de 4 journées.
Nous comptons trouver un financement par sponsoring et subventions pour ce programme qui répond à un grand besoin des professionnels locaux. Votre aide nous serait utile.


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