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Le NEWS-ZZZe |
Bulletin du Centre Source - Ecole Française de Psychosynthèse
Numéro 1 - Mars 2010 Droits réservés sur tous les textes et photos, mars 2010 |
Pourquoi ce bulletin ? J’ai entendu, une fois, la réflexion d’un animateur de centre : les participants sont très encadrés durant leur cursus, mais une fois diplômés, ils sont laissés à eux-mêmes. Effectivement, il manquait un moyen de rester en lien. Bien sûr, il ne s’agit pas de faire un bulletin genre anciens élèves, mais plutôt de communiquer quelques nouvelles aux diplômés et étudiants en cours de cursus.
A l’occasion, un brin de pédagogie, un zeste de news professionnel, un côté blog, et c’est parti. Et puis, pourquoi pas, un rappel des origines historiques de la psychosynthèse et de la psychothérapie humaniste, qu’ignorent peut-être nombre de gens perdus devant le déferlement des manuels « prêt-à-penser » de développement personnel.
Tan NGUYEN
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L’aura du Sage de Florence : le Dr Roberto Assagioli (1888-1974), par sa présence souriante, a marqué un certain nombre de ses contemporains dans le domaine de la psychothérapie. Son influence continue après sa mort. |
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Texte tiré du livre « SE RÉALISER »
de Michel LACROIX, agrégé de philosophie, maître de conférences.
« D’autres possibilités s’offrent à moi. Je peux développer mes capacités inventives, mon « cerveau droit », comme le recommande le développement personnel. Je peux libérer mon imagination créatrice et tenter de devenir un artiste, en prenant modèle sur l’artiste créateur, visionnaire, sensible, libre, rebelle, prophète d’une société nouvelle, dont la figure a surgi au XIXe siècle comme le symbole même de l’actualisation des possibilités humaines. Je peux fortifier ma volonté, suivant les préceptes de Roberto Assagioli, un des maîtres à penser du développement personnel. Assagioli a fait de la volonté la cheville ouvrière de sa méthode appelée psychosynthèse. » Extrait de « SE REALISER » (Ed.Laffont, 2008).
Texte tiré du livre « Thérapie existentielle » de Irvin YALOM
« Cet exercice simple déclenche des émotions puissantes. Je l’ai réalisé une fois avec trois cents personnes lors d’un séminaire et, des années après, des anciens participants continuaient de me dire à quel point il avait été important pour eux. La désidentification constitue un élément central du système de psychosynthèse élaboré par Roberto Assagioli, visant à permettre l’accès au « noyau pur de la conscience du soi ». Il s’agit d’inviter les personnes à imaginer qu’elles se dépouillent successivement de leur corps, de leurs émotions, de leurs désirs et finalement de leur mental.
Une personne souffrant d’une maladie chronique et qui vit relativement bien sa situation procède souvent spontanément à cette désidentification. Une patiente dont je me souviens, par exemple, s’était toujours identifiée à son énergie physique et à ses activités. Son cancer l’avait affaiblie au point qu’elle ne pouvait plus camper, partir en randonnées, ni skier, et ces pertes l’affligèrent longtemps. La palette des activités physiques à sa portée se réduisait comme peau de chagrin, mais finalement elle fut capable de transcender ses pertes. Après des mois de travail en psychothérapie, elle fut capable d’accepter ses limites, de dire « Je ne peux pas le faire », sans éprouver de sentiment de dévalorisation ni d’inutilité. Elle utilisa ensuite son énergie à d’autres formes d’expressions qui étaient dans ses capacités. Elle se définit des projets réalistes : terminer certaines activités personnelles et professionnelles, exprimer des sentiments tus jusque-là à d’autres patients, amis, médecins et à ses enfants. Plus tard, elle fut capable de réaliser un autre progrès majeur, parvenir à se désidentifier de son énergie et de son influence et de prendre conscience qu’elle existait en dehors d’elles, qu’elle existait bel et bien en dehors de toute autre qualité.
Mécanisme de changement indéniable et ancien – la transcendance des biens matériels et de la reconnaissance sociale a toujours constitué une composante importante des traditions ascétiques – la désidentification n’est pas aisément mobilisable en clinique. La conscience de la mort, en revanche, incite à un changement de perspective et permet à une personne de distinguer l’essentiel de l’accessoire, d’investir dans l’un et de renoncer à l’autre. »
Extrait de THERAPIE EXISTENTIELLE (1980, réédité 2008 Ed.Galaade).
Irvin YALOM (1931- ) est psychiatre et fondateur de la thérapie existentielle, aux Etats-Unis. |
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IN MEMORIAM : George LEONARD (1923-2010)
D’où vient l’expression « Mouvement du Potentiel Humain » ?
En ce temps-là (c’était la fin des années 50), aux Etats-Unis, terre puritaine, à l’époque du combat pour les droits des femmes et ceux des noirs, un homme avait prévu, dans un article de LOOK en 1960, que c’était en fait les prémisses d’une puissante contre-culture avec d’autres valeurs qui allait submerger la société.
A l’heure où le développement personnel est devenu un marché avec une logique de marques et de produits, caractérisé par le prêt à penser, il est utile de se rappeler qu’il fut un temps où c’était un mouvement porteur de valeurs radicalement novatrices par rapport à la culture ambiante : la recherche d’authenticité, la foi dans l’être humain, le respect de la nature, l’écoute du corps, le souci d’une bonne alimentation, etc.
Cet homme, c’était George LEONARD, ancien pilote de chasse durant la guerre, journaliste de talent, président d’honneur de l’Institut ESALEN, ancien président de l’American Humanistic Psychology Association, qui vient de mourir le 6 janvier 2010, à l’âge de 86 ans.
Il fut un inlassable chantre des valeurs humanistes, conférencier et auteur d’ouvrages sur le changement humain (malheureusement non traduits en français) : Education and Ecstasy, Adventures in Monogamy, The Silent Pulse, The End of Sex.
Il contribua à diffuser aux Etats-Unis son enthousiasme pour l’Aikido, que j’ai pu moi-même, pratiquer à cette époque, à ses débuts dans ce pays.
Pour la petite histoire, George Leonard était à l’Institut Esalen, avec son ami Michael Murphy, le propriétaire de cette magnifique propriété qui fut le berceau de toutes les techniques de psychologie humaniste, un soir de 1965, devant un verre de bière, devant la mer. Tous deux trouvèrent cette expression Mouvement du Potentiel Humain pour désigner ce courant porteur de valeurs nouvelles qui allait changer la culture.
Quelques quarante cinq ans plus tard, ces valeurs ont essaimé dans la société sous des formes popularisées : « bio », « bien-être », « développement durable », « zen ». La psychologie humaniste elle-même s’est structurée en méthodes de psychothérapie: psychosynthèse, approche centrée sur la personne, analyse reichienne, etc.
T.N. |
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LES NOUVELLES POUSSES
Nous félicitons les diplômées DEPP du Centre Source de la promotion 2009 : Marion GRIMAUD-MERCIER, Catherine BRISSAUD, Sophie BARDOU, Barbara PANVINI, Annie FRAISON |
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Marion Grimaud Mercier
Je reçois en entretien individuel (adultes, adolescents et enfants) et j’anime des stages. Mon sujet de prédilection : les relations adultes-enfants (parents ou professionnels de l’enfance). J’interviens actuellement en institution auprès d’enseignants (école maternelle). Je donne également ponctuellement des conférences. Dans ma pratique, j'utilise aussi les outils venant d’approches de la communication comme la méthode Espere, la pnl et la communication non violente.
Contact : marion.grimaud.mercier@wanadoo.fr |
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Catherine Brissaud
à Gignac dans l'Hérault. Psychothérapeute, Musicothérapeute
"Etre l'auteur de sa vie, soutenu par une créativité réveillée et fondée sur une justesse par rapport à soi-même, voilà le sens de l'accueil thérapeutique que je propose en psychosynthèse (adultes, enfants, adolescents, couples).
Cette approche de soi-même, ouverte et personnelle, je l'accompagne aussi sous la forme d'un ajustement et d'un accordage de sa propre voix, au sein d'ateliers de travail vocal (adultes, familles, futures mamans)."
Contact : catherinebrissaud@neuf.fr |
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Sophie Bardou
C’est dans le hameau normand où j’habite, que j’ai décidé de m’établir en tant que thérapeute afin de proposer un service de proximité aux personnes qui ne peuvent pas toujours se déplacer jusque Rouen ou Dieppe. Les clients y apprécient le calme et l’intimité. Ce choix me permet également de mieux équilibrer le rapport vie de famille - vie professionnelle. Jusqu’alors j’exerçais le métier de psychologue du travail. J’ai soutenu mon mémoire de fin de cycle de formation de psychothérapeute en
psychosynthèse au Centre Source à Paris en novembre 2009, mais je reçois des clients depuis septembre 2007.
Contact : socab.bardou@orange.fr |
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Barbara PANVINI
Je suis Italienne et j'ai vécu sept ans à Florence, la ville du Docteur Assagioli. Mais c'est à Paris - après un master d'anthropologie à l'EHESS - que j'ai rencontré la Psychosynthèse, pour moi un chemin avec un cœur. Aujourd'hui, c'est avec joie que j'accompagne des personnes de touts âges sur ce beau chemin de retour vers soi-même, vers une psychosynthèse personnelle plus authentique. |
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Annie FRAISON
Ma terre d’origine est l’Aubrac, un espace naturel où il fait bon vivre et se
ressourcer. Mon chemin de vie est enrichi par la présence de mon époux
Loïc et notre fils Aymeric.
Jeune diplômée du DEPP, je pratique la psychosynthèse depuis plusieurs
années dans le cadre de mon cabinet . Je suis très heureuse de faire
partager ce processus dynamique et unique de réalisation de soi aux
personnes qui me consultent.
Je suis également spécialisée en Ressources Humaines et je dispense des
formations en entreprise. J’exerce mon activité professionnelle depuis 22
ans à Rodez. (Préfecture de l’Aveyron).
Contact : annie@fraison.com |
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LA FIESTA A VALENCIA (Espagne)
Ceux qui connaissent Valencia sont sous le charme de sa douceur de vivre, au bord de la mer et de la rivière.
Des lieux magiques : le magnifique opéra nouvellement construit dans la tradition des espagnols bâtisseurs, le musée océanographique, le centre historique, et plus encore... Vous écoutez un concert au palais de la musique et vous sortez en longeant les jets d’eau illuminés, inspirés des canaux des temps où l’Andalousie était arabe.
Depuis 20 ans, je viens y animer des séminaires de psychosynthèse pour l’école de mon amie Fina, professeur à l’Université de Madrid. Cette fois-ci, j’ai enseigné un cours sur Psychosynthèse et Ennéagramme : S’ACCORDER A SOI-MEME.
J’ai eu la chance d’étudier l’ennéagramme avec Oscar ICHAZO, celui-là même qui a diffusé cette connaissance en Occident en 1974. Aujourd’hui, l’ennéagramme est largement enseigné, mais dénaturé par rapport à l’enseignement d’origine qui s’appuyait sur une perspective générale de l’Univers, et non pas sur un simple schéma de la personnalité. T.N.
Quelques photos de l’ambiance du groupe : on n’est vraiment pas en France !!! |
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MICHEL CAZENAVE AU CENTRE SOURCE
Michel Cazenave est venu au Centre Source début mars 2010 dans le cycle de formation à la psychothérapie pour partager son vaste savoir sur JUNG et le thème de L’INCONSCIENT COLLECTIF ET LES ARCHETYPES. Familier de Jung depuis des décennies, il a supervisé la traduction et l’édition des œuvres de Jung en France. Il a produit de très belles émissions à France-Culture sur des sujets culturels depuis des lustres. Il est intervenu dans plusieurs colloques organisés par le Centre Source depuis 20 ans.
Voici des réactions parmi les étudiants de psychosynthèse :
Brigitte :
« Ce qui est étonnant avec Michel Cazenave, c'est la facilité avec laquelle il peut introduire des concepts junguiens complexes: par exemple la "synchronicité". Après avoir fait référence aux dernières recherches scientifiques sur le temps, qui montrent que le temps n'existe pas, en abordant la théorie des trous noirs, il donne un exemple personnel de synchronicité: une vision qu'il a eu lors d'une crise de mélancolie à propos d'une scène qui devait se passer le lendemain, et qui s'est effectivement déroulée exactement comme dans sa vision, avec les mêmes mots prononcés par la même personne. Il met ainsi en évidence qu'il existe en nous deux niveaux du temps: le temps quotidien dont nous connaissons les effets, et notamment la loi de causalité, et à un niveau plus profond (au niveau du Soi) le temps n'existe pas: ce qui a des conséquences extraordinairement complexes, puisqu'à ce niveau-là, la loi de causalité n'existe pas (passé, présent et futur sont confondus): elle est remplacée par la loi de la finalité. La synchronicité est une irruption de ce niveau du non-temps dans la vie quotidienne. »
Vanina :
« Pour moi, écouter Cazenave, c'est m'ouvrir à la puissance de « l'imagination vraie ». C'est me connecter à l’inconscient collectif, à "l’âme du monde" comme il dit, et au jeu de ces forces inconnues qui font de moi une "petite balle" balayée par des coups de vent (ou des paris divins). Prendre conscience de ces forces me permet d'accéder à une connaissance plus profonde du monde et de me relier à l'intelligence "féminine", celle qui sait ce qui est "approprié"…
Plus je me sens "petite balle" (le fameux lâcher-prise !), et plus je sens que je peux accéder à ma vérité ». |
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BON A SAVOIR
- Sur FACEBOOK, notre amie Sara Ackrill a initié un groupe Psychosynthèse. Vous pouvez l’y rejoindre.
- Vous travaillez en profession libérale. Savez-vous que : pour leur formation, les membres d'une profession libérale dépendent du Fonds interprofessionnel de formation des professionnels libéraux (FIF-PL), auquel ils doivent verser une contribution annuelle, qui leur permet de bénéficier, à titre personnel, ainsi qu'à leur conjoint collaborateur, d'un droit à la formation professionnelle. Site : www.fifpl.fr
- Vous êtes un adepte des médecines naturelles. Certaines mutuelles prennent en charge un montant plafonné des soins par un ostéopathe, acupuncteur, homéopathe, en particulier La Mutuelle Bleue. |
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FLASH
Un "flash" sur un moment de séance qui vous a inspiré durant une séance individuelle ou une animation de séminaire, ou inspiré votre client ou votre groupe. Partagez ce flash !!!
Flash de Catherine Brissaud :
Michel est assis en face de moi : il a une mine grave. Une chanson lui est revenue en tête de façon lancinante cette semaine et il se met à la chanter :
« Sur la place où tout est tranquille, une fille s’est mise à chanter, et son chant plane sur la ville, hymne d’amour et de bonté, mais sur la ville il fait trop chaud, et pour ne point entendre le chant, les hommes ferment les carreaux, comme une porte entre morts et vivants….aussi certains jours paraît… une flamme en nos cœurs…mais nous ne voulons jamais, laisser luire sa lueur… ».
Michel hésite, arrête son chant, cherche les paroles, il les retrouve ; sa voix est ronde et pourtant il semble bouleversé : « je suis cet homme …qui ferme les carreaux à la vie…je ne veux pas voir, pas la laisser rentrer…».
Il reprend certaines paroles et souligne « comme une porte entre morts et vivants……c’est très fort ces mots ! ».
« Je reste protégé à l’intérieur, caché dans l’ombre …………du côté des morts ».
L’inspiration des mots et de la mélodie de Jacques Brel a traversé Michel qui se sent tout à coup collé à une sous-personnalité qu’il n’avait jusqu’alors jamais contactée et qui, du même coup, se situe déjà dans une dynamique de désidentification grâce à cette ébauche d’identification de cette partie de lui-même.
Je suis témoin de ce qui se passe pour Michel : le processus est à l’œuvre et je me sens admirative des formes et de la force qu’il prend pour se frayer un passage !
Flash de Tan à Hanoi, 2007 :
Je suis assis sur l’estrade, à l’Université des Sciences Sociales et Humaines de Hanoi, à côté du Professeur Barte, ce collègue complice qui m’accompagne au Vietnam pour enseigner la psychothérapie aux jeunes vietnamiens. A côté de lui, le représentant de l’Ambassade de France, et à l’autre bout, Boris Cyrulnik, oui, oui, lui-même, en personne.
Boris nous susurre à l’oreille (non, je n’exagère pas, c’est exactement cette voix que nous aurions aimé entendre avant de nous endormir, à cinq ans, avec notre nounours) des contes de résilience, qu’il a glanés de ces voyages, en Israël, au Brésil, etc. Nous sommes, bien sûr, sous le charme, de ces histoires qui mettent le baume au cœur, pour nous qui vivons dans un monde de violence sans raison.
Quelques mois, après, une amie de Cannes, me raconte avoir entendu Boris Cyrulnik venu faire une conférence, qui disait : oui, au Vietnam, on apprend aux autistes à communiquer grâce au langage des idéogrammes, des caractères chinois.
Pour votre information, les caractères chinois ne sont plus utilisés au Vietnam depuis 150 ans , l’écriture est avec l’alphabet latin. Morale de l’histoire : faut-il toujours croire tout ce que racontent les grands hommes ?
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FICHE DE LECTURE par Brigitte MACE
Article de WINNICOTT sur « la préoccupation maternelle primaire » (1956).
Ce que Brigitte a compris du concept :
Cet article de Winnicott répond à des articles d’Anna Freud sur les névroses infantiles sur les imperfections maternelles au stade oral responsables des névroses. Winnicott parle de l’identification inconsciente de la mère à son enfant, et de la dépendance du petit enfant à sa mère qui n’est pas une identification. La préoccupation maternelle primaire est un état que la mère développe durant la grossesse, qui dure quelques semaines après la naissance de l’enfant, et dont elle se remet et qu’elle refoule ensuite. Elle est hypersensible, et totalement centrée sur son tout petit enfant, ce qui lui permet de s’adapter à ses besoins. Certaines femmes n’y arrivent pas et « fuient vers la santé mentale », elles ne peuvent pas abandonner leurs autres centres d’intérêts. Elles devront par la suite, pallier au déficit de départ pour leur enfant, et devront s’adapter de très près aux besoins de leur enfant grandissant pour réparer les distorsions du développement des premiers temps : elles sont amenées à le gâter, et agissent en thérapeute et non pas en parent.
La mère qui atteint l’état de préoccupation maternelle primaire s’adapte de façon « suffisamment bonne » aux besoins de l’enfant. Les carences maternelles interrompent la continuité d’être du bébé, et un excès de réaction à la non-satisfaction des besoins entraîne, non pas la frustration comme le dit Anna Freud, mais une menace d’annihilation, qui est pour Winnicott la première angoisse primitive.
Le moi se constitue sur un sentiment suffisamment continu d’exister. La mère va donc répondre aux besoins corporels de l’enfant d’abord, puis aux besoins du moi qui se forme. Vu sous cet angle, la reconnaissance de la mère se fait de façon positive et ne provient pas de la mère vécue comme symbole de frustration (Mélanie Klein). La première organisation du moi provient du vécu des menaces d’annihilation qui n’entraînent pas l’annihilation et dont on se remet à chaque fois ; la confiance en la guérison permet au moi de se former et d’être capable de faire face à la frustration.
Pour Winnicott, reconnaître l’absolue dépendance à la mère relève d’une élaboration extrême et d’un stade que même les adultes n’atteignent pas toujours. Pour lui, au stade adulte, c’est cette non reconnaissance de la dépendance absolue qui engendre la peur de la femme et non l’inverse.
Sans l’environnement initial « suffisamment bon », le self ne peut pas se développer. Le sentiment du réel est absent, et s’il n’y a pas trop de chaos, l’enfant a un sentiment d’inutilité. On voit apparaître un faux self qui masque le vrai self et se conforme aux demandes de la mère. Il existe donc une ligne de partage entre la maturité du moi, quand les expériences instinctuelles renforcent le moi, et l’immaturité du moi, quand les expériences instinctuelles démembrent le moi. Le self de l’individu est la somme des expériences, repos, motricité, sensation, acquisition progressive de la capacité d’attendre de se remettre des annihilations de l’environnement.
Comment ce concept résonne chez Brigitte :
J’ai été très émue par l’article sur la préoccupation maternelle primaire, car j’ai pu comprendre en le lisant la nature des grandes difficultés que j’avais eues avec mon fils à sa naissance. Même si j’aimais beaucoup mon bébé, j’avais beaucoup de mal à supporter cette période d’identification à lui, et je partais de la maison une semaine par mois pour mon travail pour y échapper. J’avais l’impression de devenir folle, je me sentais envahie, et ces jours à l’extérieur me permettaient de me ressourcer pour revenir près de lui. Comme le décrit Winnicott, cela a eu des conséquences pour mon enfant, qui a fait de l’anorexie de 12 à 18 mois, et j’ai beaucoup culpabilisé (j’ai moi-même fait de l’anorexie de 6 à 12 mois non parce que ma mère était absente, mais parce qu’elle était dans l’omnipotence). J’ai dû ensuite m’occuper beaucoup plus de lui, mais ce n’était plus pareil, car il était plus grand et je n’avais plus besoin de m’identifier à lui de la même façon. C’est sûrement une des principales raisons pour lesquelles je suis devenue thérapeute.
La description de Winnicott de l’angoisse d’annihilation, de désintégration me touche aussi beaucoup, car je crois que c’est une de mes grandes angoisses, et que c’est de ça dont je souffrais pendant la période d’identification avec mon bébé.
Enfin, cette organisation en faux et vrai self me renvoie également à ce que je considérais comme une double personnalité chez moi avant de lire cet article, avec ma façade de bonne élève à laquelle j’étais totalement identifiée jusqu’à 13 ans, et ensuite le développement progressif d’une personnalité très différente que j’étais d’abord la nuit quand tout le monde dormait. Il m’a fallu beaucoup de temps pour arriver à l’exprimer devant les autres, et à être moi-même. Je présente encore dans certaines circonstances cette façade de bonne élève et il y a encore un certain nombre d’activités que j’ai du mal à oser faire en dehors de la nuit, comme la publicité pour mes activités énergétiques !
La relecture de ce livre pour le résumer et le travail de réflexion sur mes patients par rapport à ce livre m’a permis aussi de mieux comprendre rétrospectivement l’évolution thérapeutique de certains patients dépressifs, et m’a aussi permis de comprendre pourquoi les exercices du changement de registre corps-intellect-émotions étaient particulièrement adaptés aux patients dépressifs. Je l’avais constaté, sans pouvoir en expliquer le mécanisme. |
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Et pour terminer ce premier bulletin, je vous livre une réflexion de Roberto Assagioli qui, dans son livre posthume Le Développement Transpersonnel, analyse l'oeuvre de Dante, la Divine Comédie, comme un guide pour une maturation intérieure:
« L’homme, après avoir ainsi constaté les difficultés de la vie, en une douloureuse expérience, après avoir subi sa première et amère déroute, perd sa hardiesse et sa présomption, reconnaît sa propre faiblesse, son impuissance, et acquiert ainsi la véritable humilité ; il se met en position de pouvoir être aidé. A peine l’a-t-il fait que l’aide arrive.
C’est là une grande loi encourageante de la vie de l’esprit, loi qui est souvent oubliée aux moments de doute et de découragement et dont, au contraire, nous devrions toujours nous rappeler : l’aide d’en haut est toujours prompte, elle n’est jamais refusée. C’est seulement en nous que sont les obstacles qui nous en séparent. Nous ne savons pas, nous ne voulons pas la chercher de façon correcte.
Tan Loc NGUYEN
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